PAILLER : AVEC QUOI ?

Un paillis peut être constitué de matériaux organiques (notamment végétaux : tontes de gazon, feuilles mortes, paillettes de chanvre, écorces de pin...) ou, au contraire, minéraux (graviers, pouzzolane, ardoise...).

Le paillis organique, en se dégradant en humus, a l'avantage de nourrir le sol donc les plantes. Par ailleurs beaucoup de "déchets" du jardin peuvent être utilisés comme matériaux pour ce type de paillis : grâce à ce type de paillis, on peut donc recycler sur place, simplement, tous ces "déchets".
Si vous avez de jeunes enfants ou des animaux, je suggère, au préalable, de vérifier la toxicité -par exemple sur ce site- de la plante que vous comptez utiliser comme paillis, d'autant plus si c'est pour l'utiliser au potager (en effet, en récoltant les légumes, on est généralement amené à être en contact avec le paillis).

Le paillis minéral n'apporte rien à la vie du sol mais a l'avantage de rester en place (notamment par temps venteux) sans se dégrader donc d'être d'entretien minime. C'est certainement à sa mise en place ou son retrait qu'il demandera le plus d'effort car il peut être lourd à manipuler.

Pour trouver le paillis adapté, cela dépend de ce que l'on veut pailler :

Pour les plantations de très faible hauteur et les plantations du potager redoutant l'humidité : aucun paillage

Eh oui, c'est l'exception qui confirme la règle !
En ce qui concerne la hauteur de la plante, ça se comprend : si la plante disparaît sous le paillage, ça risque de poser problème au moins pour la photosynthèse donc le développement de cette plante !
L'absence de paillage est également recommandée pour les plantes du potager qui craignent l'humidité persistante et risquent de pourrir comme l'ail, l'oignon ou l'échalote.

Pour les plantations ornementales redoutant l'humidité : le paillis minéral

Ce type de paillis, qui existe en différents matériaux et calibres (graviers de pouzzolane -disponibles en différentes granulométries-, billes d'argile, éclats d'ardoise, débris de poteries, galets, graviers...), présente un aspect décoratif et esthétique ; le paillis d'ardoise est notamment utilisé dans les jardins de style contemporain.

Ce type de paillis ne génère pas d'excès d'humidité en retenant l'eau (ce qui, au contraire, peut être le cas avec un paillis organique) : les collets et feuilles sont ainsi préservées d'un contact prolongé avec des végétaux ou une terre humides et le risque de pourriture est limité. Ce type de paillis est donc adapté aux plantes craignant l'humidité permanente voire amatrices de sols secs. Comme ce type de paillis peut chauffer au soleil, il est aussi adapté aux plantes amatrices de chaleur. On notera pas ailleurs que n'étant pas nutritif, ce type de paillis est plus simple à utiliser pour des plantes sobres. Et comme il risque à terme de s'incorporer au sol (au moins pour les petits calibres, à la faveur de l'arrachage ou de la mise en terre d'une nouvelle plantation), il est aussi plus simple de l'utiliser pour des plantes nécessitant une terre drainée. En ce qui concerne ce dernier point, il est possible d'intercaler un feutre géotextile entre la terre et le paillage minéral afin que le paillis ne se mélange pas à la terre et soit plus aisé à ramasser en cas de besoin. Néanmoins ce n'est pas forcément esthétique (même si le feutre est camouflé, il n'est pas rare de le voir dépasser !) ni, dans le cas de feutre synthétique, favorable à long terme à la vie du sol.
Au final, on pourra utiliser ce type de paillis par exemple pour les succulentes, les plantes de rocailles et de murets et les plantes méditerranéennes (sauge argentée...)

Un paillage minéral au jardin, n'est-ce pas aussi une invitation au voyage et au rêve ?

Pour le potager et les massifs saisonniers : le paillis organique tendre

Ce type de paillis se décompose en humus plutôt rapidement (quelques semaines à quelques mois) ; il est donc adapté pour les plantes aimant les sols riches et ayant un cycle de vie court ou moyen, comme, par exemple, les annuelles, les dahlias, les légumes du potager, les petits fruits.

  • tontes de gazon non monté en graines, pour éviter le ressemage, et non traité avec du désherbant par exemple. Comme ce paillis est riche en azote, utilisez-le avec précaution : évitez de l'employer pour des plantations sensibles (jeunes plantations...) ou limitez-le (par exemple pour toutes les cultures au potager) à une fine couche de 1 cm. Un paillage après séchage (si possible en fines couches pendant 1 ou 2 jours au soleil ) permettra de pailler sur une plus grande épaisseur.
  • petits déchets du jardin un peu secs ou fermes : fleurs fanées, petites tailles de rosiers, feuilles, tiges ou herbes sèches... Vérifiez que ces plantes sèches ne sont pas montées en graines si vous voulez éviter leur multiplication !
  • feuilles mortes peu épaisses/tendres d'arbustes et arbres à feuilles caduques
  • paille de blé non traitée avec des pesticides par exemple : c'est le matériau traditionnellement utilisé pour le paillage, à l'origine du mot ! Ce matériau a deux avantages : d'une part il ne favorise pas les limaces (contrairement aux feuilles mortes et autres matières de récupération), d'autre part il est facile à retirer par exemple lorsque l’hiver est terminé.
  • cendre de bois massif, non peint, non vernis, non traité : à utiliser refroidie, tamisée (pour ôter les gros morceaux, éventuels clous...), en fine couche et de préférence pas pour les plantes de terre de bruyère (car le pH de la cendre est alcalin alors que les plantes de bruyère préfèrent un sol au pH acide)
  • déchets organiques de la cuisine : marc de café, épluchures de légumes... C'est le "compostage de surface" !
  • carton sans impression et sans colle. On peut en utiliser pour limiter davantage la pousse des adventices. Si on craint que ça s'envole, on peut mettre des pierres ou branches lourdes dessus et si c'est trop inesthétique, on peut ajouter par-dessus une couche de débris végétaux.
  • frondes de fougères. Je pense qu'avec ce type de paillis, il faut être vigilant. Et ce, dès la récolte ! En effet d'abord il n'est pas rare que les fougères abritent des tiques. Ensuite les frondes des fougères peuvent être très coupantes. Enfin certaines fougères très communes sont toxiques pour les humains et les animaux.

Pour les plantations pérennes (= qui vivent plusieurs années) : le paillis organique + coriace

Ce type de paillis se décompose en humus plutôt lentement (plusieurs mois à plusieurs années) ; il est donc adapté pour les plantations aimant les sols riches et ayant un cycle de vie moyen ou long, comme, par exemple, les vivaces (fleurs, fraisiers...), les petits fruits, les arbustes (rosiers...) et arbres, isolés ou en haies.

  • feuilles mortes assez épaisses/coriaces d'arbustes et arbres à feuilles caduques. Si on craint que ça s'envole, on peut conserver quelques branches des arbustes et arbres pour les disposer sur les feuilles.

Dans ce parc, les services municipaux ont paillé les arbustes et arbres avec des feuilles mortes, preuve que ce type de paillis a de nombreux intérêts !

  • BRF = Bois Raméal Fragmenté issus d'arbustes et arbres à feuillage caduque : il s'agit de matériaux ligneux (écorces, bois, branches) fragmentés, "faits maison", à partir de "déchets" de taille, broyés à la tondeuse ou au broyeur. Ce paillis est généralement épandu en hiver pour limiter une éventuelle "faim d'azote", néfaste pour les plantations.
    Pour utiliser seul et sans problème le BRF comme paillis, vous pouvez le laisser reposer à l'humidité et à l'ombre (par exemple sous une bâche) pendant au moins 6 mois et si possible jusqu'à 18 mois afin qu'il se décompose. Vous saurez que vous pouvez l'utiliser comme paillis si le BRF est parcouru de filaments blanchâtres de champignons (lignivores).
  • paillis organiques commerciaux : paille/paillettes de lin, paillettes de chanvre, cosses de sarrasin, cosses/coques/coquilles de (fèves de) cacao, écorces de noix de coco, copeaux et plaquettes de bois...
    Ces paillis sont vendus en jardinerie et pratiques à employer sur de petits espaces. De différentes teintes, ils présentent par ailleurs un aspect décoratif et esthétique. Ils sont donc particulièrement destinés aux potées et massifs soignés.
    Attention aux cosses/coques/coquilles de (fèves de) cacao qui contiennent une substance toxique pour les chiens et les chats. C'est d'autant plus dangereux que l'odeur de cacao de ce paillis attire les gloutons !

On trouve même des paillis teints (en rouge, comme sur la photo, mais aussi en bleu, jaune, rose...)!

  • toile/feutre/film de paillage biodégradable fabriqué à partir de matières végétales (coco, chanvre, jute, sisal, amidon de maïs, latex...) et disponible sous forme de dalle ou rouleau.
    Ce type de produit se trouve en jardinerie. Il est particulièrement utile pour pailler de grandes surfaces/longueurs (haies) ou des endroits difficiles (talus) où il serait compliqué de mettre en place un paillis classique. Si on craint que ça s'envole, on peut couvrir les bords de terre (par exemple pour un film en amidon de maïs) ou mettre des agrafes biodégradables (par exemple pour une toile en chanvre ou en jute).

Pour les plantations établies du jardin d'agrément et les allées ou sentiers : le paillis organique résistant

Ce type de paillis se décompose en humus très lentement/difficilement (au moins plusieurs mois ; typiquement plusieurs années). Il pourrait par ailleurs bénéficier de propriétés anti-germinatrices prévenant l’apparition de "mauvaises herbes".
Ce type de paillis est donc adapté pour les endroits que l'on ne travaille pas (ou ne veut pas travailler !) régulièrement, comme le jardin d'ornement ou les chemins. Utilisé pour les chemins, outre l'avantage de réduire le compactage du sol lors des passages et de limiter, par temps humide, les salissures, il peut, progressivement, permettre de réaliser de petits sentiers bien praticables, moelleux et silencieux !

  • BRF = Bois Raméal Fragmenté issus de conifères : il s'agit de matériaux ligneux (écorces, bois, branches) fragmentés, "faits maison", à partir de "déchets" de taille, broyés à la tondeuse ou au broyeur.
    Pour une utilisation en massif, il est préconisé, dans le milieu du jardinage, de limiter la proportion de conifères à 20% dans le BRF, en utilisant pour les 80% restants des feuillus.
  • écorces de pin. Ce type de produit est disponible en jardinerie, en différents calibres. De couleur brun-rouge, il est décoratif. La crainte du risque d'acidification du sol en a fait un paillis privilégié pour les massifs de plantes de terre de bruyère.
  • feuilles de conifères (feuilles de thuyas, aiguilles de pin...).
    Les aiguilles de pin, utilisées pour pailler un chemin, ont deux avantages : d'abord, comme les aiguilles sont fines, elles ne gênent pas le promeneur ; ensuite elles sont plutôt décoratives. Par contre, attention au risque de glissade ; ce n'est par pour rien que le ski sur aiguilles de pin existe !

On saura quoi faire de nos prochains résidus de taille de thuyas !

Remarque : cette liste de matériaux n'est pas exhaustive ; a priori, tout type de matériau peut être utilisé à condition qu’il ne soit pas polluant.