PAILLER : COMMENT ? QUAND ? OU ?

Comment pailler ?

Si vous voulez pailler dans les "règles de l'art", voici comment faire, dans l'ordre :
  • Préparez la parcelle à pailler
    • en réalisant des aménagements si nécessaire
      En effet le vent ou les animaux (oiseaux...) peuvent disperser le paillis. Non seulement l'entretien est accru car il faut remettre régulièrement "en ordre" le paillis, mais aussi, si le paillis s'est déporté sur la pelouse, cela peut gêner le passage de la tondeuse.
      Pour que le paillis tienne bien en place, deux solutions d'aménagement existent :
      La première solution consiste à décaisser l'espace à pailler de typiquement 10 centimètres, en faisant une bordure nette.
      La deuxième solution, plus simple, est la mise en place de bordures pour maintenir le paillis.
    • en désherbant la terre, manuellement, des "mauvaises herbes". Cette étape est doublement utile :
      D'abord cela permet de lutter contre certaines vivaces envahissantes (comme le chardon, le liseron, le chiendent, le rumex ou la prêle) qui ne sont pas arrêtées par un paillis de 5 cm d'épaisseur. D'ailleurs, pour lutter encore plus efficacement, il est préconisé, si possible, de désherber une 2ème fois ces "mauvaises herbes", 2 à 3 semaines après ce 1er désherbage et la préparation du sol (les graines de "mauvaises herbes" restées dans le sol auront alors germé - c'est la technique du "faux semis"-) ; on peut aussi étaler des cartons avant d'épandre le paillage et/ou étaler le paillis en couche plus épaisse -au moins 5 cm à 10 cm- et surveiller les "mauvaises herbes" qui repousseraient à travers pour les arracher aussitôt.
      Enfin, ce désherbage manuel permet de sentir, avec la main, si la terre s’est déjà réchauffée ou si elle est encore gelée donc de vérifier si le moment est propice au paillage ou pas.
    • en binant la terre pour l'ameublir en surface et la rendre plus perméable à l'air et à l'eau ; au final c'est bénéfique pour les plantations !
    • en affinant et nivelant la terre : le paillage sera plus régulier et donc plus efficace (par exemple pour le paillage de haie)

    Préparer la terre, ça vaut plus qu'une paille ; c'est une des clés du succès !

    • en arrosant si la terre est sèche (l'idéal étant, pour s'économiser cette étape, de pailler après des pluies abondantes !) : il faut en effet un minimum d'humidité au sol pour que le paillage puisse la préserver !
    • en épandant du compost bien mûr, sur 1 à 2 cm, si vous craignez que vos plantations aient une "faim d’azote". En effet la "faim d'azote" est une carence nutritive qui peut arriver quand vous utilisez un paillis plutôt carboné (copeaux et plaquettes de bois, BRF sec, paille de blé, paille/paillettes de chanvre et de lin, feuilles mortes...) et que vous paillez plutôt au printemps : les micro-organismes, pour décomposer ce paillis en humus, vont utiliser une grande partie de l'azote du sol, au détriment des plantations qui y poussent et qui, "affamées d'azote", auront du mal à démarrer ou se développer. Si vous épandez du compost, ce-dernier, protégé par le paillis, se transformera en humus et apportera l'azote dont les plantes ont besoin. On notera que d'autres solutions existent pour éviter la "faim d'azote" ; certaines sont mentionnées dans la suite de cet article.
  • Préparez le paillis
    • en choisissant le(s) matériau(x) adapté(s) aux plantations à pailler : ici, vous aurez des informations utiles !
    • si possible en mélangeant différents matériaux (par exemple des résidus de conifères avec des tontes de gazon et/ou des résidus d'essences à feuillage caduque). C'est en effet un moyen rapide pour limiter les possibles effets néfastes de certains matériaux (blocage de la germination et/ou du développement des autres plantes, acidification du sol, déstabilisation du sol par limitation des insectes, vers et champignons décomposeurs...) ; le moyen moins rapide étant de faire pré-décomposer le paillis plusieurs mois voire plusieurs années avant utilisation pour que les substances néfastes soient éliminées !
    • si possible en mélangeant des éléments verts avec des éléments bruns afin de favoriser une décomposition sans problème des paillis organiques. Les éléments verts sont humides et riches en azote (tontes de gazon, feuilles vertes, pelures de fruits et légumes…) ; les éléments bruns sont secs et riches en carbone (paille, copeaux de bois, brf, feuilles mortes, carton...). Faire ce mélange est notamment valable si vous craignez une faim d'azote mais que vous ne comptez pas faire d'apport de compost ni ne pouvez attendre plusieurs mois que votre paillis se pré-décompose : étalez votre paillis sec en couche de 2-3 cm en le complétant par des couches fines de paillis vert.

    Un peu de tout avec parcimonie dans le paillis, les plantations disent merci !

    • si nécessaire en fractionnant en petits morceaux les matériaux du paillis. Plusieurs méthodes existent comme couper ces matériaux au sécateur ou bien les étaler sur la pelouse et passer dessus avec la tondeuse à gazon ou encore utiliser directement un broyeur.
      Il y a plusieurs avantages à fractionner les matériaux. Tout d'abord, de façon générale, il est plus facile d'étaler le paillis et le rendu esthétique est souvent amélioré. Ensuite, dans le cas d'un paillis de feuilles mortes pour des petites plantations, cela permet d'aérer le paillis et de limiter la prise au vent. Enfin, dans le cas de paillis de matériaux se décomposant plutôt lentement lorsqu'ils sont "entiers" (petits déchets secs du jardin, paille de blé, feuilles mortes épaisses/coriaces, brindilles et branches...), cela permet d'accélérer la décomposition de ces matériaux et de se caler, par exemple, sur un besoin calendaire comme "Avoir un paillis totalement décomposé pour l'hiver voire pour le début de printemps" (Oui, ça peut être intéressant ; pour savoir pourquoi, il faut lire cet article jusqu'à la fin !)
      On notera quand même qu'il existe aussi des inconvénients à fractionner en petits morceaux les matériaux du paillis : comme ceux-ci sont moins durables, il faut les renouveler plus souvent ; aussi ils sont davantage dispersés (par exemple par les animaux) et plus difficiles à retirer.
  • Etalez une couche de paillis
    • de typiquement 5 cm : c'est suffisamment fin pour se décomposer sans problème (en présence d'oxygène donc sans fermenter) au cas ou le paillis soit constitué d’éléments organiques humides. Si le paillis est vraiment gorgé d'eau, faites le sécher avant de l'utiliser, d'autant plus si c'est pour l'utiliser pour des plantes craignant l'humidité.
    • en laissant le collet/tronc des plantations dégagé du paillis organique de plusieurs centimètres : cela aidera à préserver les plantations sensibles de problèmes dus par exemple à une humidité excessive (notamment pour un paillis organique se décomposant lentement en météo pluvieuse), comme la pourriture, ou à un dégagement de chaleur (notamment pour un paillis d'éléments organiques étalé en couche épaisse).
    • si possible en pratiquant la "rotation des paillis" organiques
      Cette "rotation des paillis" est une mesure de précaution qui préconise d'utiliser des déchets végétaux pour pailler uniquement des plantations d'autres espèces. Cela permet de limiter la prolifération d'une maladie, dans la mesure où cette maladie est spécifique à un type de plantation. Attention néanmoins à certaines maladies affectant plusieurs espèces de plantes, comme la maladie du mildiou causée par le champignon "Phytophthora infestans" qui touche notamment les tomates et les pommes de terre. Si vous avez un doute, utilisez des déchets végétaux exempts de "contaminés" ou "contaminants" pour éviter tout risque de prolifération d'éventuels maladies, pollutions et parasites.
    • si possible en aérant le paillis (par exemple en laissant des interstices ou en le ratissant légèrement de temps en temps) pour ne pas asphyxier la vie en dessous (en particulier les jeunes plants), pour laisser le collet/tronc des plantations dégagé, et pour permettre, notamment en été, aux eaux de pluie ou d'arrosage de s'infiltrer dans la terre. De ce point de vue, les matériaux assez peu denses comme la paille de blé ou les aiguilles de pin sont pertinents alors que ceux comme le sable et la cendre sont contre-indiqués. Si vous comptez utiliser ces-derniers pour pailler, faites-le avec parcimonie.
  • Arrosez après l'installation d'un paillis organique, pour que ce dernier commence, en se décomposant, à participer à la vie du sol. Dans le cas de matériaux légers (copeaux de bois, paille/paillette de lin ou de chanvre, feuilles mortes, coques/coquilles de (fèves de) cacao...), cela permet aussi de "tasser" un peu le paillis et éviter qu’il ne s’envole au moindre coup de vent ! Si ça ne suffit pas, il peut être utile de recouvrir le paillage de branches ou pierres.

Une fois le paillis arrosé, à la nature d’œuvrer !

Et lorsque le paillis est en place ?

  • Vous voulez semer ou planter ? Pas de problème ! Ecartez d'abord le paillis (par exemple à la main ou avec un râteau). Effectuez ensuite le semis ou la plantation. A ce stade, si le paillage a déjà bien fonctionné, vous constaterez que vous pouvez creuser la terre directement à la main ! Pour finir remettez en place le paillis en faisant attention aux jeunes pousses.
  • Une plante germe ? Il peut être utile d'ôter le paillage provisoirement, au cas où les plantules n'arriveraient pas à se faufiler à travers, pour éviter tout risque d'étiolement.
  • Renouvelez le paillis (notamment organique), en en rajoutant, si nécessaire. En effet, tout paillage qui n'est pas minéral se dégrade plus ou moins vite. Les paillis se décomposant assez rapidement et demandant à être remplacés régulièrement sont notamment les tontes de gazon et les déchets de plantes. Si vous constatez un paillis organique en fin de vie, vous pouvez l’incorporer au sol par simple griffage.
  • Si le paillis ne rend pas "joli" vous pouvez placer, par-dessus, un autre type de paillis

Quand ?

  • A peu près toute l'année sachant que les deux périodes les plus propices sont le printemps et l’automne. En effet l'idéal est de mettre en place le paillis quand le sol est chaud et humide pour qu'il conserve ces conditions clémentes.
    • en fin d'hiver - début de printemps (février-avril) : non ! A la fin des gelées, ratissez voire retirez toute couche de paillis organique restante autour des plantes.
      L'effet sera d'une part bénéfique pour préparer la terre puisque cela l’asséchera de toute humidité excédentaire grâce à la circulation d'air et la réchauffera bien mieux qu'avec un paillis qui l'isolerait de la chaleur des premières journées ensoleillées. C'est notamment intéressant pour des semis où l'on veut éviter des maladies cryptogamiques.
      L'effet sera d'autre part bénéfique pour éviter la prolifération de nuisibles des plantations, pour qui le paillis, à cette période, est un gîte confortable.
      Quant à la couche de paillis organique que vous avez retirée, sachez que si celle-ci est bien décomposée, vous pouvez l'incorporer dans la terre par griffage (les cultures gourmandes comme les choux et les pommes de terre apprécieront !) ; sinon vous pouvez la mettre sur le tas de compost où elle achèvera sa décomposition.
    • au printemps (à partir d'avril/mai/juin) : oui ! Quand la terre est déjà réchauffée et n’a pas encore souffert de la sécheresse, c'est idéal pour renouveler le paillage ou en installer un nouveau, l'utilité principale étant d'économiser les arrosages et de limiter le désherbage.
    • en été : oui ! Vérifiez le paillis en place : est-il toujours de bonne épaisseur ? assez aéré ? Le sol dessous est-il toujours assez humide ? N'hésitez pas à entretenir votre paillis si nécessaire.
    • en automne (septembre-octobre) : oui !, avant l'hiver et les gelées, à l’occasion par exemple du nettoyage des massifs en fin de saison. L'objectif principal est de faire agir le paillis tel une couverture, pour protéger les plantations du froid et protéger les sols nus. Autre avantage de pailler en automne : un paillis organique, en se décomposant doucement pendant l'hiver, permettra d'amender le sol, sans risquer une "faim d'azote", même pour des débris très carbonés, car l'équilibre aura le temps de se récréer avant les plantations. Une épaisse couche de paille ou de feuilles mortes est parfaite pour le paillage d'automne. Attention néanmoins aux plantations craignant l’humidité excessive l’hiver et pour lesquelles il peut être préférable d'éviter le paillage d'automne. Ainsi, pour ces plantations, s'il reste encore du paillis non décomposé, écartez-le voire enlevez-le.
    • en hiver : non ! Quand le sol est gelé, il ne faut pas pailler. En effet sinon le paillage, qui isole dans les deux sens, va garder le froid dans le sol !

    Petit résumé en image pour savoir quand pailler

  • Pas par vent fort, au moins parce que ça va compliquer la mise en place des paillis légers.
  • Après chaque fin de culture, comme apport nutritif, notamment pour reconstituer les ressources en azote du sol .

Où ?

  • En surface du sol, entre les plantations ou à leurs pieds, au potager, au verger, au niveau d'arbres ou d'arbustes isolés ou en haies, dans les massifs de plantes ornementales vivaces ou annuelles, sur les parcelles vides... Le sol ne doit pas rester à nu !
  • Pas sur l'herbe si on veut la maintenir. En effet un paillis, en privant les graminées de lumière, empêche la photosynthèse. Aussi, un paillis, en maintenant l'humidité au contact de l'herbe qui est en-dessous, peut la faire pourrir.
  • Pour les plantations au jardin et aussi en pots !